Paris est un lieu qui abonde en sons, en formes et en couleurs, un endroit varié et vivant, une ville composée de plusieurs quartiers où se croisent les événements qui créent son histoire et sa singularité. C'est une ville résolument ancienne et étrangement jeune, qui a le culte du passé tout en se projetant vers l'avenir. Elle fascine autant ceux qui la découvrent pour la première fois que ceux qui y reviennent, tant elle est pleine d'imprévus. Elle est harmonieuse malgré les discordances, c'est une grande métropole avec ses avenues et une ville de province avec ses ruelles pavées, un centre d'événements à la renommée mondiale et une ville où les gens se rassemblent pour écouter un ménestrel dans la rue, c'est un phare intellectuel du monde mais aussi une ville chaleureuse. C'est la ville des foules cosmopolites et des modes onéreuses, tout en étant élégante et accueillante. Elle est belle en été comme en hiver. Sous le ciel gris et les arbres sans feuilles on peut admirer sa noble architecture, et après la pluie on peut admirer les lampadaires mouillés qui brillent dans une pâle lumière nacrée.
Comme toute ville millénaire, Paris est composée de plusieurs couches, tel un oignon. Son "bulbe" est sur la Seine, où se trouvent le Palais de Justice, la cathédrale Notre-Dame, l'Hôtel-Dieu et le marché aux fleurs. Sur les anciens tracés des remparts - ceux de Charles V, de Louis XIII et des Fermiers généraux - se trouvent aujourd'hui les grands boulevards. Ses vestiges ont défié les siècles et sont parvenus jusqu'à nous pour témoigner d'un mode de vie désormais disparu, pour évoquer une vie aujourd'hui cachée, mais qui fut jadis trépidante, avec ses joies et ses drames, publics et privés. Et sous les yeux de ceux qui savent lire la géographie du passé se révèle une mémoire secrète, héritière d'un passé millénaire. Lorsque vous empruntez la rue Mouffetard, par exemple, vous marchez en réalité sur une ancienne rue romaine, et lorsque vous vous promenez dans le square des Innocents, vous traversez un vieux cimetière abandonné. Lorsque vous vous promenez dans le bois de Boulogne et que vous rencontrez une construction étrange, il est intéressant de savoir qu'il s'agit d'un fort militaire. De même, lorsque vous marchez le long de la rue Esnault-Pelterie et que vous voyez des trous dans le mur, il est intéressant de savoir qu'il s'agit de balles tirées sur le ministère des Affaires étrangères lors de la libération de Paris en 1944.
Ainsi, une image différente apparaît dans l'esprit du visiteur qui peut percevoir le profil caché d'un
quartier, imaginer le destin de ceux qui ont vécu dans tel immeuble ou fréquenté tel café... Il peut se mettre dans la peau des Parisiens d'antan et reconstituer leur vie dans son esprit. Il découvrira ainsi des coutumes étranges ou cruelles, des loisirs extravagants et vulgaires. Il se promènera dans des lieux qui échappaient autrefois à la loi, des lieux malfamés, habités par des voyous. C'étaient les cours des miracles, où se regroupaient des milliers de personnes ayant leurs propres patrons et leurs propres lois, très différentes de celles du reste de la société. Il pourra se rendre sur l'une des sept collines, en choisissant Montmartre ou Montparnasse, Montsouris ou Ménilmontant, la colline de Chaillot, la Butte-aux-Cailles ou le Champ- l’Évêque.
Et quand il est fatigué, il peut s'asseoir à l'une des petites tables alignées sur le trottoir devant les cafés. On ne renonce jamais à vivre dans la rue où l'on se retrouve pour discuter, même s’il fait froid. C'est pourquoi, même les magasins ont leurs étals dans la rue, avec des fruits, des légumes, des chutes de tissus ou des livres d'occasion. S'il aime les huîtres, le visiteur peut s'arrêter à l’étal d'un des vendeurs qui, bonnet de laine sur la tête, nez rougi par le froid et mains engourdies, les lui servira sans perdre sa verve...
Une figure étroitement associée à Paris est celle du flâneur. Le mot a été introduit par Baudelaire pour désigner un gentleman qui se promène dans les rues de la ville et qui éprouve des émotions en observant le paysage. Le poète utilisait le terme de "botaniste du trottoir" pour définir celui qui, comme lui, était un véritable connaisseur du tissu urbain de la capitale. C’est ainsi que le mot flânerie est resté lié à la ville. Et même si aujourd'hui le rythme de vie est effréné, il y a encore ceux qui aiment marcher au milieu de la foule pressée, n'ayant pour seule règle que d’échapper au prévisible pour partir à la découverte d'une impasse inconnue, d'un cloître, d'un palais un peu caché, d'un atelier d'artiste, d'un petit musée, d'une inscription particulière, d'un jardin fleuri, d'une cour pavée, d'une vieille enseigne ou, pourquoi pas, d'une belle exposition en plein air...